Docteur en sciences psychopédagogiques à l’Université de Mons-Hainaut en Belgique, Jean-Pierre POURTOIS sera à la Réunion à compter du 12 septembre pour une série d’ateliers et une conférence qui se tiendra à l’Université de la Réunion.
Son champ de recherche et d’expertise la co-éducation. C’est aussi le thème de l’expérimentation qu’il va accompagner au sein de la commune de Bras-Panon : implanter la première « Cité de l’éducation » à la Réunion. Un projet porté par la mairie qui réunit tous les acteurs de l’éducation (enfants, parents, école, animateurs péri et extra scolaires).
Concept des cités de l’éducation
Il s’agit d’un concept issu de différents programmes de recherches en éducation familiale réalisés au sein de l’AIFREF (Association Internationale Francophone de Recherche en Education Familiale) association regroupant de nombreux chercheur dont M. Pourtois est le président.
L’objectif central d’une Cité de l’éducation est de créer, d’organiser et de mettre en œuvre, dans un cadre de co-éducation, des activités visant le développement cognitif, affectif, social et culturel des enfants, l’enrichissement éducatif des parents, l’accompagnement des professionnels de l’éducation dans le domaine des relations Ecole-Crèche-Famille-Communauté ainsi que la collaboration avec toute personne désireuse de contribuer à l’émancipation de la Cité.
Confrontées aux mutations sociétales (comme la précarité des liens, l’apparition de nouvelles parentalités…), la famille, l’école et la communauté doivent réinventer des stratégies éducatives pour faciliter un épanouissement individuel et collectif des enfants. Les voies pour y parvenir nécessitent une mise en commun des ressources de la cité dans son ensemble. La finalité majeure de ce partenariat consiste en fait à favoriser l’émancipation de tous, de l’enfant certes, mais également de sa famille et des membres de la Cité en luttant contre les inégalités liées à certaines conditions sociales et en reconnaissant et valorisant les savoirs et les compétences de chacun.
La famille est un creuset où se développe prioritairement l’enfant. Elle doit donc être reconnue comme partenaire incontournable. L’enfant et sa famille seront au centre des interventions éducatives et seront impliqués comme acteurs majeurs dans le processus de recherche de la réussite.
La crèche et l’école sont d’autres instances essentielles où se développe l’enfant. La crèche et l’école maternelle représentent souvent les premiers lieux institutionnels de socialisation. La qualité de ce passage de la famille à ces nouveaux lieux de vie préfigure la trajectoire future de l’enfant. Ces expériences précoces enrichissent en effet le développement des compétences affectives, cognitives et sociales des enfants, futurs citoyens. Elles sont donc d’une importance capitale. Très tôt, les parents investissent fortement le projet scolaire de leur enfant, ce qui facilite l’établissement des relations parents-professionnels (puéricultrices, enseignants) et prépare la qualité de celles-ci tout au long de la scolarité de l’enfant. Ainsi, l’enseignement primaire puis l’enseignement secondaire inscriront plus aisément leurs actions éducatives dans le registre du partenariat famille-école qui, on le sait, favorise l’adaptation scolaire de l’enfant d’abord, de l’adolescent ensuite.
Par ailleurs, l’enfant se développe aussi au sein de la Communauté. Celle-ci doit être concernée au même titre que la famille, la crèche et l’école puisqu’il s’agit de former de futurs citoyens. Aujourd’hui plus que jamais, les Cités (communes ou municipalités), petites ou grandes, disposent d’innombrables possibilités d’émancipation. D’une manière ou d’une autre, elles offrent de multiples ressources pour l’éducation des jeunes et des moins jeunes : il s’agit d’un système complexe qui serait d’autant plus efficace si les éléments qui le constituent pouvaient travailler ensemble dans une direction commune. L’essentiel est donc que chacun puisse coordonner ses actions avec celles des autres.
La « Cité de l’éducation » doit pouvoir compter sur toutes les ressources de la communauté y compris celles des Universités et des Hautes Écoles de son territoire pour développer avec elles un partenariat en vue de réaliser un projet éducatif commun et d’évaluer l’impact des stratégies innovantes mises en place.
La diversité est inhérente aux Cités de l’éducation. Pour cette raison, un de ses défis est de promouvoir l’équilibre et l’harmonie entre identité et diversité culturelles. L’homme vit dans un monde d’incertitudes, ce qui suscite chez lui la recherche de la sécurité. Il a donc tendance à se méfier de l’autre différent, voire à le nier. La Cité de l’éducation, consciente de ce fait, ne cherchera pas de solutions unilatérales simples, elle acceptera la différence et proposera des démarches de connaissance mutuelle, de dialogue et de participation.
C’est donc au confluent des quatre instances fondamentales – la famille, la crèche, l’école et la communauté – que la co-éducation s’établira en vue d’une synergie fructueuse. Mais pour que celle-ci se réalise, il importe que chacun se mobilise : non seulement les instances éducatives mais aussi les instances politiques, sociales et scientifiques, les entreprises, les centres culturels et artistiques…, tous œuvrant ensemble au sein d’une Cité de l’éducation. Le droit à une Cité de l’éducation doit être considéré comme une extension effective du droit fondamental à l’éducation. Faire partie d’une Cité de l’éducation constituera une recherche constante de plus de justice sociale et de plus d’égalité entre tous ses membres.
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