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Jean-Pierre POURTOIS à La Réunion

Publié le : 2 septembre 2016

Doc­teur en sci­ences psy­chopéd­a­gogiques à l’Université de Mons-Hain­aut en Bel­gique, Jean-Pierre POURTOIS sera à la Réu­nion à compter du 12 sep­tem­bre pour une série d’ateliers et une con­férence qui se tien­dra à l’Université de la Réunion.

Son champ de recherche et d’expertise la co-édu­ca­tion. C’est aus­si le thème de l’expérimentation qu’il va accom­pa­g­n­er au sein de la com­mune de Bras-Panon : implanter la pre­mière « Cité de l’éducation » à la Réu­nion. Un pro­jet porté par la mairie qui réu­nit tous les acteurs de l’éducation  (enfants, par­ents, école, ani­ma­teurs péri et extra scolaires).

Concept des cités de l’éducation

Il s’agit d’un con­cept issu de dif­férents pro­grammes de recherch­es en édu­ca­tion famil­iale réal­isés au sein de l’AIFREF (Asso­ci­a­tion Inter­na­tionale Fran­coph­o­ne de Recherche en Edu­ca­tion Famil­iale) asso­ci­a­tion regroupant de nom­breux chercheur dont M. Pour­tois est le président.

L’objectif cen­tral d’une Cité de l’éducation est de créer, d’organiser et de met­tre en œuvre, dans un cadre de co-édu­ca­tion, des activ­ités visant le développe­ment cog­ni­tif, affec­tif, social et cul­turel des enfants, l’enrichissement édu­catif des par­ents, l’accompagnement des pro­fes­sion­nels de l’éducation dans le domaine des rela­tions Ecole-Crèche-Famille-Com­mu­nauté ain­si que la col­lab­o­ra­tion avec toute per­son­ne désireuse de con­tribuer à l’émancipation de la Cité.

Con­fron­tées aux muta­tions socié­tales (comme la pré­car­ité des liens, l’apparition de nou­velles parental­ités…), la famille, l’école et la com­mu­nauté doivent réin­ven­ter des straté­gies éduca­tives pour faciliter un épanouisse­ment indi­vidu­el et col­lec­tif des enfants. Les voies pour y par­venir néces­si­tent une mise en com­mun des ressources de la cité dans son ensem­ble. La final­ité majeure de ce parte­nar­i­at con­siste en fait à favoris­er l’émancipation de tous, de l’enfant certes, mais égale­ment de sa famille et des mem­bres de la Cité en lut­tant con­tre les iné­gal­ités liées à cer­taines con­di­tions sociales et en recon­nais­sant et val­orisant les savoirs et les com­pé­tences de chacun.

La famille est un creuset où se développe pri­or­i­taire­ment l’enfant. Elle doit donc être recon­nue comme parte­naire incon­tourn­able. L’enfant et sa famille seront au cen­tre des inter­ven­tions éduca­tives et seront impliqués comme acteurs majeurs dans le proces­sus de recherche de la réussite.

La crèche et l’école sont d’autres instances essen­tielles où se développe l’enfant. La crèche et l’école mater­nelle représen­tent sou­vent les pre­miers lieux insti­tu­tion­nels de social­i­sa­tion. La qual­ité de ce pas­sage de la famille à ces nou­veaux lieux de vie pré­fig­ure la tra­jec­toire future de l’enfant. Ces expéri­ences pré­co­ces enrichissent en effet le développe­ment des com­pé­tences affec­tives, cog­ni­tives et sociales des enfants, futurs citoyens. Elles sont donc d’une impor­tance cap­i­tale. Très tôt, les par­ents investis­sent forte­ment le pro­jet sco­laire de leur enfant, ce qui facilite l’établissement des rela­tions par­ents-pro­fes­sion­nels (puéricul­tri­ces, enseignants) et pré­pare la qual­ité de celles-ci tout au long de la sco­lar­ité de l’enfant. Ain­si, l’enseignement pri­maire puis l’enseignement sec­ondaire inscriront plus aisé­ment leurs actions éduca­tives dans le reg­istre du parte­nar­i­at famille-école qui, on le sait, favorise l’adaptation sco­laire de l’enfant d’abord, de l’adolescent ensuite.

Par ailleurs, l’enfant se développe aus­si au sein de la Com­mu­nauté. Celle-ci doit être con­cernée au même titre que la famille, la crèche et l’école puisqu’il s’agit de for­mer de futurs citoyens. Aujour­d’hui plus que jamais, les Cités (com­munes ou munic­i­pal­ités), petites ou grandes, dis­posent d’in­nom­brables pos­si­bil­ités d’émancipation. D’une manière ou d’une autre, elles offrent de mul­ti­ples ressources pour l’éducation des jeunes et des moins jeunes : il s’ag­it d’un sys­tème com­plexe qui serait d’autant plus effi­cace si les élé­ments qui le con­stituent pou­vaient tra­vailler ensem­ble dans une direc­tion com­mune. L’essentiel est donc que cha­cun puisse coor­don­ner ses actions avec celles des autres.

La « Cité de l’éducation » doit pou­voir compter sur toutes les ressources de la com­mu­nauté y com­pris celles des Uni­ver­sités et des Hautes Écoles de son ter­ri­toire pour dévelop­per avec elles un parte­nar­i­at en vue de réalis­er un pro­jet édu­catif com­mun et d’évaluer l’impact des straté­gies inno­vantes mis­es en place.

La diver­sité est inhérente aux Cités de l’éducation. Pour cette rai­son, un de ses défis est de pro­mou­voir l’équili­bre et l’har­monie entre iden­tité et diver­sité cul­turelles. L’homme vit dans un monde d’in­cer­ti­tudes, ce qui sus­cite chez lui la recherche de la sécu­rité. Il a donc ten­dance à se méfi­er de l’autre dif­férent, voire à le nier. La Cité de l’éducation, con­sciente de ce fait, ne cherchera pas de solu­tions uni­latérales sim­ples, elle acceptera la dif­férence et pro­posera des démarch­es de con­nais­sance mutuelle, de dia­logue et de participation.

C’est donc au con­flu­ent des qua­tre instances fon­da­men­tales – la famille, la crèche, l’école et la com­mu­nauté – que la co-édu­ca­tion s’établira en vue d’une syn­ergie fructueuse. Mais pour que celle-ci se réalise, il importe que cha­cun se mobilise : non seule­ment les instances éduca­tives mais aus­si les instances poli­tiques, sociales et sci­en­tifiques, les entre­pris­es, les cen­tres cul­turels et artis­tiques…, tous œuvrant ensem­ble au sein d’une Cité de l’éducation. Le droit à une Cité de l’éducation doit être con­sid­éré comme une exten­sion effec­tive du droit fon­da­men­tal à l’é­d­u­ca­tion. Faire par­tie d’une Cité de l’éducation con­stituera une recherche con­stante de plus de jus­tice sociale et de plus d’égalité entre tous ses membres.

Les con­férences : con­sul­ter l’agenda